La reprise d’une entreprise est un véritable projet de vie.

En ces périodes sanitaires compliquées, une reprise constitue désormais le fruit de nombreuses réflexions sur une reconversion professionnelle et personnelle.

La dimension sociale est parfois sous-estimée par les acquéreurs qui privilégient souvent dans leur projet, la rentabilité de l’acquisition.

Or, il est indispensable que l’acquéreur prenne conscience qu’au-delà des chiffres, le capital humain d’une entreprise est tout aussi important et qu’il ne doit pas être négligé.

En premier lieu, et après avoir signé une LOI (Lettre d’intention non engageante), l’acquéreur disposera d’un certain laps de temps pour procéder à divers audits, et notamment, il devra évaluer les forces humaines de la société qu’il projette de reprendre.

Quels sont les éléments-clés de l’entreprise, le niveau de compétence des salariés, les tranches d’âge, etc. ?

Il est également indispensable de déterminer si le projet de reprise ne va pas entraîner une frustration de certains cadres de l’entreprise qui auraient voulu acquérir l’entreprise mais qui ont été écartés par le management.

Dans ce cas, il est certainement nécessaire d’envisager de mettre autour de la table ces cadres pour les associer au projet de reprise faute de quoi, ces derniers peuvent, en cas de déception, tout simplement quitter l’entreprise lorsque l’acquéreur procédera à son acquisition !

Comment le nouveau chef d’entreprise pourrait-il alors assurer la pérennité de la société qu’il vient d’acquérir si le directeur commercial de celle-ci, ou le chef de production, plie bagage… ?! 

Il sera alors indispensable, dans les actes préparatoires à la cession, de s’assurer que le cédant déclare qu’à sa connaissance, il n’y a pas de projet de démission, et que les principaux cadres de la société ont été consultés sur ce projet de cession, et y adhèrent.

Le chef d’entreprise qui cède son entreprise va également, quant à lui, s’assurer que ses salariés continueront à travailler dans le même climat qu’antérieurement, et l’acquéreur ne doit donc pas négliger l’aspect social de son futur management vis-à-vis de l’équipe.

Mais l’aspect le plus délicat à intégrer est lié au climat de confiance entre le cédant et le cessionnaire.

Parfois, le cédant attend d’avoir la certitude que l’acquéreur pourra financer son acquisition avant de se livrer à livre ouvert et de permettre à l’acquéreur de rencontrer les principaux cadres de sa société, alors que l’acquéreur va peut-être souhaiter rencontrer ces derniers avant de ficeler son offre de reprise.

Généralement, c’est la condition suspensive de financement qui va permettre à l’acquéreur de sécuriser son acquisition.

En effet, si le banquier est informé de tensions avec les salariés lors de l’opération de reprise, ou s’il est informé que l’acquéreur ne peut pas avoir accès aux données sociales ou même rencontrer les principaux cadres de l’entreprise, il ne fournira pas son concours bancaire ce qui autorisera alors l’acquéreur à se délier de son offre.

Quoi qu’il en soit, et encore plus après la situation sanitaire que nous avons vécue, la dimension sociale, et donc humaine, d’un projet de reprise est capitale… tout aussi capitale que le prix de cette acquisition ou l’accompagnement du dirigeant à celle-ci.

Article écrit par Me Eric SEUTET paru dans l’édition de DIJON L’HEBDO du 13 janvier 2022.